Auto-évaluation de la dépression et adaptation des patients pendant le traitement de la dépression à travers l’étude du « response shift

Le trouble dépressif majeur est le plus prévalent de tous les troubles psychiatriques et peut affecter la référence à soi. La plupart des stratégies thérapeutiques de la dépression visent à modifier le processus de référence à soi pour rectifier le biais cognitif négatif du patient. L'efficacit...

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Published inRevue d'épidémiologie et de santé publique Vol. 70; pp. S70 - S71
Main Authors Blanchin, M., Bulteau, S., Péré, M., Sauvaget, A., Sébille, V.
Format Journal Article
LanguageFrench
Published Elsevier Masson SAS 01.05.2022
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ISSN0398-7620
DOI10.1016/j.respe.2022.03.091

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Summary:Le trouble dépressif majeur est le plus prévalent de tous les troubles psychiatriques et peut affecter la référence à soi. La plupart des stratégies thérapeutiques de la dépression visent à modifier le processus de référence à soi pour rectifier le biais cognitif négatif du patient. L'efficacité de ces traitements est souvent mesurée au moyen de questionnaires autorapportés évaluant des concepts subjectifs et latents tels que la qualité de vie ou la dépression. Ainsi, les traitements visant à induire un changement de perception de la maladie peuvent perturber la mesure de la dépression via un auto-questionnaire. Dans une étude longitudinale, ce changement de perception, appelé « response shift », peut se confondre avec l’évolution de la dépression et aboutir à des conclusions erronées sur l'efficacité du traitement. Par ailleurs, la mesure du changement de perception induite par le traitement a également un intérêt en soi puisque c'est un objectif de la thérapie. Dans l’évaluation de l'efficacité des traitements de la dépression, il semble donc crucial de quantifier le « response shift » tout en mesurant correctement l’évolution des troubles dépressifs. Cette étude vise à analyser le « response shift » de patients souffrant d'une dépression unipolaire difficile à traiter dans un essai clinique comparant les effets de trois stratégies thérapeutiques sur la dépression. Les données d'un essai randomisé multicentrique de 170 patients ayant reçu un traitement antidépresseur ou une stimulation magnétique transcrânienne répétée ou leur combinaison ont été réanalysées. La dépression a été évaluée par l'inventaire de dépression de Beck composé de trois dimensions : référence à soi négative, humeur triste et altération des performances. Dans chaque groupe de traitement, la procédure de Oort basée sur des modèles à équations structurelles (SEM) a été utilisée pour la détection du « response shift ». L'effet des stratégies thérapeutiques sur l’évolution de la dépression a ensuite été étudiée dans un SEM longitudinal multigroupe prenant en compte le « response shift » détecté dans chacun des groupes. Du « response shift » a été détecté uniquement dans le groupe de patients traités par antidépresseur seul. Après quatre semaines de traitement, ces patients avaient tendance à rapporter des scores moyens de référence à soi négative plus élevés qu’à baseline à niveau de dépression inchangé. Cette surdéclaration pourrait refléter une meilleure conscience du biais négatif de référence à soi induite par le traitement de la dépression. De plus, le niveau moyen de dépression baissait significativement dans tous les groupes mais la diminution était significativement plus élevée dans le groupe traité par antidépresseur seul. A l'inverse, l'essai clinique, qui n'avait pas pris en compte le « response shift », avait initialement conclu à la même diminution du trouble dépressif pour toutes les stratégies thérapeutiques. Si l'effet du « response shift » n'avait pas été considéré, l'amélioration de la dépression aurait été légèrement sous-estimée chez les patients ayant reçu uniquement un antidépresseur biaisant ainsi la mesure de l'efficacité des stratégies thérapeutiques. En changeant notre compréhension de l'expérience des patients dépressifs de leur maladie, la théorisation du « response shift » dans cette pathologie pourrait influer sur la prise de décision médicale basée sur des résultats issus de questionnaires autorapportés aux niveaux micro, meso et macro. Dépression; Response shift; Modèles à équations structurelles; Questionnaires autorapportés Les auteurs n'ont pas précisé leurs éventuels liens d'intérêts.
ISSN:0398-7620
DOI:10.1016/j.respe.2022.03.091